/sites/default/files/styles/thumbnail/public/18/09/RMP2100_0.jpg?itok=7C4vjmpZ

Pourquoi les animaux jouent-ils du violon?

Robert Waechter, Les fabuleuses études du Professeur Lobinstein

 

Les 24 Etudes pour violon de Robert Waechter, donneront lieu aux fabuleuses études du Professeur Lobinstein sur le jeu du violon chez les animaux : suite pour violon solo, vibraphone, marimbaphone basse, orchestre à cordes (violons, altos, violoncelles, contrebasses) et récitant... (Opera de Nice, le 30 novembre 2014).

En rangeant les archives dans les caves de l’Opéra de Nice, on a découvert, en 2013, un vieux dossier intitulé Les études scientifiques sur le jeu du violon chez les animaux que l’on a pu dater, après son étude approfondie, du 18e siècle. Ce manuscrit signé  « Professeur Joseph Lobinstein » contient des partitions pour violon solo, un cahier de 10 pages ainsi que des dessins montrant des animaux jouant du violon…Après plus d’une année d’étude et de restauration, l’Opéra de Nice est en mesure de vous présenter l’intégralité du manuscrit de J. Lobinstein, esprit vif, philosophe, érudit, scientifique éclairé du siècle des Lumières, naturaliste passionné par la vie animale qu’il allait observer pendant des heures. Sur la première page du carnet on peut lire « J’observe un écureuil qui monte et descend à toute vitesse sur le tronc d’un arbre avant de se mettre à jouer du violon. C’est évident », suit un dessin annoté « les petits écureuils sont obligés de faire du violon pour apprendre à bien tenir en place », les pages suivantes présentent toutes les mêmes observations. Caché durant des heures J. Lobinstein réussit à capter le jeu du violon d’un « hibou distingué », « d’un sanglier délicat», « d’un corbeau nerveux », « d’un moineau émotif », « d’une taupe », « d’un dragon discret », et « d’une abeille ». Chaque animal a été croqué et sur les dessins des notes d’observation « un vieux hibou aime expliquer les choses et montrer comment on joue du violon », « le sanglier veut qu’on entende les gargouillis de son ventre », « on lui (au corbeau) a déconseillé de chanter », « le moineau fait des trémolos pour faire croire qu’il tremblote exprès », « les dragons souffrent du rejet des autres, jouer du violon est le signe d’une intégration réussie ». Mais on peut également y lire « zut, de nouveau endormi, encore rêvé de la fée aux grandes chaussures et entendu de la musique dans mon rêve », indications précieuses sur ce qui tourmente J. Lobinstein, atteint d’assoupissements dés qu’il ne bougeait pas pendant quelques minutes, il faisait alors toujours le même rêve « une fée à grande chaussure danse sur un lac gelé enneigé » et cela ennuyait ce scientifique réaliste et de rêver et de laisser son esprit croire aux fées… Ce questionnement explique probablement que la 9e page soit illisible (tombée dans l’eau ?), aurait-il eu un trou noir provoqué par une piqûre de l’abeille violoniste de la page 8 ? La page 10 est digne de Jules Verne, J. Lobinstein entre dans une grotte et « suit les gouttes qui tombent des stalactites (…) une fée aux grandes chaussures danse à quelques mètres devant lui sur la glace enneigée »…

Composée par le violon solo de l’Orchestre Philarmonique de Nice, cette suite pour violon solo, vibraphone, marimbaphone basse, orchestre à cordes (violons, altos, violoncelles, contrebasses) et récitant, est en réalité un concerto pour violon en forme de fable, un conte philosophique exposé dans une suite d’études virtuoses « sur le jeu du violon » de « divers animaux » inspiré par un savant sorti de l’imagination du compositeur pour parler de son instrument, mais aussi de l’obscurantisme qui nous prive de voir avec raison et de l’ascétisme scientifique qui nous aveugle et nous empêche de profiter de la beauté du monde… Laissez vous porter par ce Candide musical où « la musique est une révélation plus haute que toute poésie et toute philosophie » (Beethoven).